Lettre à Monsieur le Sénateur Xavier IACOVELLI
A.N.P.N.O.G.D.
ASSOCIATION NATIONALE DES PUPILLES DE LA NATION
ORPHELINS DE GUERRE OU DU DEVOIR
Monsieur le Sénateur Xavier IACOVELLI
Les Pupilles de la Nation de France représentés ici par ces 70 adhérents respectant les directives sanitaires vivent ce moment avec une immense émotion POURQUOI :
Ils sont émus par ce désir que vous manifestez de nous apporter votre aide. Ce geste n’est pas étonnant car nous connaissons votre parcours et votre implication dans votre souhait de moderniser le système de protection de l'enfance vous permettant ainsi de porter un regard sur nous, orphelins de guerre.
Ils sont émus par ce qu'ils ont l'honneur d'être accueillis, grâce à vous, dans ce haut lieu où sont examinés ou déposés des projets de loi, alors que nous demandons que notre statut soit revu.
Ils sont émus parce que vous deviez nous recevoir dans le Salon Clémenceau. Georges CLEMECEAU a créé le statut des Pupilles de la nation le 27juillet 1917, ému de voir ces nombreux orphelins errer dans les rue de Paris, ce qui lui a fait dire « Ces français que nous fûmes contraints de jeter dans la bataille, ils ont des droits sur nous ».
Ils sont émus parce que dans ce jardin du Luxembourg, il y a une stèle où repose le père de l'un de nos Pupilles André MONNIER qui a été exécuté le 19.08.1944 ; il était l'un des policiers qui portaient aide à des collègues assiégés sur l'Ile de la Cité. Nous avons une pensée émue pour son fils, Roland, récemment décédé, qui était membre de la délégation parisienne présidée par Armand NOVI, notre vice-président.
Ils sont émus parce que depuis des années, ils souffrent du mépris des diverses institutions et aujourd’hui, vous les considérez et vous leur permettez d’espérer.
PERMETTEZ-NOUS DE VOUS PARLER DE NOUS
Nous ne demandions rien mais en 2000 et 2004, deux décrets ont institué une reconnaissance selon les circonstances de décès de notre père ou mère. Le décret de 2000, discriminatoire, a suscité la création de notre Association.
Actuellement, nous sommes environ 26000 Pupilles susceptibles d'être indemnisés.
Nous sommes des individus responsables et conscients de l'endettement de la France mais l'Etat a une dette envers nous et comment accepter qu'il reste sourd à nos appels et aux interventions de nombreux élus ?
Nous avons été adoptés par la Nation et nous attendons de le rester tout au long de notre vie.
Nous sommes tous dans la précarité ; dans notre jeunesse nous avons dû taire notre douleur, aider notre parent veuf dans l'éducation de nos frères et sœurs, nous défendre parfois d'un tuteur abusif ; orphelins de père pour la plupart d'entre nous, nous avons échappé au sentiment d’ambition mais élevés par une mère nous montrant la valeur de la vaillance et de la générosité. Nous sommes des enfants qui ont été « ballotés » par la vie, parfois élevés dans des orphelinats sans âmes ou des centres de redressement, ou par un tuteur sans conscience ou par une mère surtout soucieuse de gagner sa vie pour nous. Nous avons dû travailler très jeune et plusieurs d'entre nous ont maintenant recours à l'aide sociale ou de leurs enfants.
Nous sommes, malgré tout, des êtres fiers car notre parent s'est sacrifié pour notre pays.
PERMETTEZ-NOUS DE VOUS FAIRE PART DE NOTRE SOUHAIT
Vaillants, malgré toutes les réponses négatives reçues,
Conduits par notre Président National André LECOQ,
Nous ne baisserons jamais les bras.
Nous ne renoncerons pas à obtenir ce qui nous est dû.
Nous lutterons toujours pour la conquête de nos droits.
Nous n'avons rien demandé, c'est l'Etat qui a réveillé notre douleur en créant ces décrets et il doit réparer cette injustice. Comment peut-on juger de la prise en charge d’un Orphelin de guerre selon la violence de la mort du père ou de la mère ? Comment peut-on considérer qu'un enfant souffre plus qu'un autre selon les circonstances du décès de son parent ?
Nous ressentons tous la même douleur et il faut que seul soit considéré le manque du père ou de la mère.
Ainsi, nous nous permettons d'exprimer les demandes de tous les Pupilles :
« - Que soit supprimée cette hiérarchie dans la reconnaissance instituée par les décrets de 2000 et 2004 (justice et égalité sont des droits),
- Que cette injustice, qui est le mépris de ces orphelins dont le parent est « mort pour la France », soit réparée.
- Qu'un nouveau décret soit créé, reconnaissant tous les Pupilles et Orphelins de guerre de tous les conflits
- Que cette réparation arrive dans les meilleurs délais afin qu’elle permette à chacun de nous d’avoir une fin de vie digne. »
L'ANPNOGD est pour ses adhérents une seconde famille dans laquelle tous les adhérents restent unis, reconnaissance ou non obtenue, car ils ont un point commun : ils sont les seuls à savoir que rien ne leur fera oublier la souffrance créée par l'absence de leur père qui a donné sa vie pour la survie de son pays. Cette souffrance est la même pour tous et ils ne peuvent que s'indigner devant le fait que l'on ait pu sélectionner la réparation en fonction de la violence et des circonstances de la mort de leur père.
Monsieur le Sénateur, croyez que nous, Orphelins de Guerre, Pupilles de la Nation, sommes extrêmement touchés de votre bienveillante attention et nous vous remercions de tout cœur ; Nous garderons toujours le souvenir ému de votre bienveillance à notre égard. Nous avons fait tellement de suppliques auprès des élus ou des éligibles qui toutes en ayant été entendues et approuvées parce que reconnues légitimes, n’ont jamais eu de suite. Monsieur, Pourriez-vous mettre fin à cette injustice ? Nous l'espérons car en nous recevant aujourd’hui, vous montrez votre connaissance de notre souffrance et votre souci de la défendre.
Françoise JACOB-PONT, membre de la cellule communication
Présidente ANPNOGD Départementale
Vice-Présidente de l’ANPNOGD Nationale.
TEXTE écrit en collaboration avec
Le Président André LECOQ
La Cellule communication présidée par le Vice-président Armand NOVI
